Histoire,
terroir, patrimoine et convivialité, voilà un mélange subtil qui garantit le
succès. À commencer par celui des fêtes votives qu’organisent les comités des
fêtes des villages lorsque reviennent les beaux jours. Pas une cité médiévale,
pas une bastide, pas un château qui n’ait un spectacle « son et
lumière », en costume. Une richesse culturelle qui aiguise les appétits et
pas seulement en matière financière.
L’extrême droite française n’a jamais été
capable d’organiser d’événement politico-culturel assumé. La piteuse faillite de l’éphémère Fête des
bleu-blanc-rouge en est la démonstration. En conséquence ses mécènes
milliardaires, après avoir investi l’espace médiatique, en achetant journaux,
radios et fréquences télé, veulent désormais s’offrir notre patrimoine culturel
et festif. En première ligne de cette nouvelle offensive, on retrouve
l’incontournable Stérin. Pas question
bien sûr d’avancer à visage découvert. L’objectif est d’instiller à travers ces
fêtes, banquets et spectacles une certaine vision de la France et des Français.
Une France
figée dans un passé fantasmé et réactionnaire. Ici, les banquets sont à base de
vin et de cochon considérés comme les marqueurs de la gastronomie
traditionnelle. Un moyen simple d’exclure toute une partie de la population
d’un moment partagé, de lui faire sentir qu’elle n’est pas à sa place.
L’Histoire, elle, est
revisitée dans sa version Puy du Fou : le baptême de Clovis, les rois, les croisades, la terreur
révolutionnaire, les guerres et la Résistance amputée de son pan progressiste,
singulièrement des communistes. Une France rabougrie sur un roman national
identitaire bien éloigné de toute rigueur scientifique. L’exact inverse de
cette dialectique France et monde que nous racontent les historiens comme
Patrick Boucheron, avec pour ambition de « réconcilier le sentiment
d’appartenance nationale et le goût du monde ».
Comme le dit le
professeur au Collège de France, « notre vrai roman national, c’est la
mise en mouvement d’une histoire qui va vers son projet plutôt que de réciter,
en ânonnant, le récit de ses origines. Une nation qui va effectivement vers son
point d’aboutissement qui demeure son projet politique : comment nous
voulons vivre avec ceux qui sont là ».
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