Trump a coupé
court. En quittant précipitamment le sommet du G7 au Canada, le président des
États-Unis vient de s’offrir le coup de théâtre qui le replace au centre du jeu
diplomatique mondial. Avec deux cartes en main. Retenir le bras de son allié
israélien et forcer la désescalade dans un Moyen-Orient mis à feu et à sang par
Benyamin Netanyahou. Ou s’engager, ouvertement, avec Tel-Aviv, dans une guerre
totale contre l’Iran.
Les premiers
signaux, hélas, ne présagent pas d’un apaisement. Washington a d’ores et déjà
renforcé son « dispositif défensif » dans la région. Depuis la
salle de crise de la Maison-Blanche, Donald Trump, « pas spécialement
d’humeur à négocier » avec Téhéran selon ses propres mots, a balayé,
ce mardi, l’option d’un cessez-le-feu.
Nul ne
l’ignore. Les conséquences d’une cobelligérance des États-Unis seraient
dramatiques, sur le plan régional comme international. Mais pas seulement.
Toujours plus contesté en interne, englué dans sa stratégie de répression des
manifestations contre les expulsions massives d’immigrés, Trump signerait là le
désaveu cinglant de ses propres engagements. Entraîner la première
puissance mondiale dans une guerre sans fin, c’est raviver, dans l’opinion
publique états-unienne, les traumatismes de l’Irak et de l’Afghanistan.
Tel-Aviv ne
parle plus que le langage des bombes. En face, le monde doit sortir de son
apathie. Le premier ministre israélien, sous le coup d’un mandat d’arrêt
international pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, ne doit
bénéficier d’aucune complaisance, d’aucune forme de soutien.
Ne nous y
trompons pas. Attaquer l’Iran, c’est pour Netanyahou faire d’une pierre trois
coups : achever de piétiner le droit international par l’agression
« préventive » d’un État souverain, détourner les yeux et les
consciences du génocide à Gaza, saper tout espoir à court terme d’une
résolution politique garantissant l’existence d’un État palestinien aux côtés
d’un État israélien. Des abris de Tel-Aviv aux rues de Téhéran, sous les tirs
croisés des missiles, les populations civiles, elles, vivent dans l’angoisse,
au rythme du bilan des morts et des blessés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire