mercredi 18 juin 2025

« Israël et le langage des bombes », l’éditorial de Marion d’Allard.



Trump a coupé court. En quittant précipitamment le sommet du G7 au Canada, le président des États-Unis vient de s’offrir le coup de théâtre qui le replace au centre du jeu diplomatique mondial. Avec deux cartes en main. Retenir le bras de son allié israélien et forcer la désescalade dans un Moyen-Orient mis à feu et à sang par Benyamin Netanyahou. Ou s’engager, ouvertement, avec Tel-Aviv, dans une guerre totale contre l’Iran.

Les premiers signaux, hélas, ne présagent pas d’un apaisement. Washington a d’ores et déjà renforcé son « dispositif défensif » dans la région. Depuis la salle de crise de la Maison-Blanche, Donald Trump, « pas spécialement d’humeur à négocier » avec Téhéran selon ses propres mots, a balayé, ce mardi, l’option d’un cessez-le-feu.

Nul ne l’ignore. Les conséquences d’une cobelligérance des États-Unis seraient dramatiques, sur le plan régional comme international. Mais pas seulement. Toujours plus contesté en interne, englué dans sa stratégie de répression des manifestations contre les expulsions massives d’immigrés, Trump signerait là le désaveu cinglant de ses propres engagements. Entraîner la première puissance mondiale dans une guerre sans fin, c’est raviver, dans l’opinion publique états-unienne, les traumatismes de l’Irak et de l’Afghanistan.

Tel-Aviv ne parle plus que le langage des bombes. En face, le monde doit sortir de son apathie. Le premier ministre israélien, sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, ne doit bénéficier d’aucune complaisance, d’aucune forme de soutien.

Ne nous y trompons pas. Attaquer l’Iran, c’est pour Netanyahou faire d’une pierre trois coups : achever de piétiner le droit international par l’agression « préventive » d’un État souverain, détourner les yeux et les consciences du génocide à Gaza, saper tout espoir à court terme d’une résolution politique garantissant l’existence d’un État palestinien aux côtés d’un État israélien. Des abris de Tel-Aviv aux rues de Téhéran, sous les tirs croisés des missiles, les populations civiles, elles, vivent dans l’angoisse, au rythme du bilan des morts et des blessés.

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