Dans une
enquête Ifop à paraître dans l’Humanité magazine du 6 juin,
l’hebdomadaire interroge les Français sur l’opportunité des nationalisations.
Parmi les questions posées, l’une concerne spécifiquement ArcelorMittal : « Vous
personnellement, seriez-vous favorable à la nationalisation des sites français
d’ArcelorMittal ? » La réponse est sans équivoque. 67 %
des personnes interrogées y sont favorables.
Un camouflet
pour Emmanuel Macron et son absence de stratégie industrielle. Le président de
la République s’était en effet opposé, le 13 mai, à la proposition de
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, de reprise par l’État des
hauts-fourneaux français après les annonces par le géant indien de centaines de
suppressions d’emploi. La nationalisation est aussi réclamée par des partis de
gauche qui ont déposé différentes propositions de loi au Parlement, et donc par
les deux tiers des Français.
Le chef de
l’État, fidèle à sa pratique politique, préfère tergiverser. Il appelle de ses
vœux « une solution européenne ». Il souhaite « des
garanties de développement ». Bref rien de concret. Pourtant, et
peut-être encore plus que pour d’autres filières, l’État serait fondé à
nationaliser l’entreprise. D’abord car entre 2021 et 2024, ArcelorMittal a
dégagé 32,6 milliards de dollars de bénéfices et 13,2 milliards de
dollars ont été redistribués aux actionnaires. Le groupe a bénéficié par ailleurs
de nombreuses aides publiques en France. En 2023, il a reçu de l’État plus de
300 millions d’euros.
Autre raison
plaidant pour une nationalisation, l’enjeu stratégique de la filière.
Fragiliser la production d’acier en France et en Europe, c’est mettre en péril
l’ensemble de ce secteur industriel. Alors que des centaines de milliards
d’euros doivent être mobilisées pour des enjeux de défense, comment justifier
la non-maîtrise, la non-garantie de production, de livraison dans cette
filière ? Dernier point : les enjeux liés à l’urgence de production
d’acier décarboné. Un défi impliquant des investissements que Mittal reporte
toujours au lendemain. La volonté politique fait défaut à Emmanuel Macron. Les
Français l’ont bien compris.
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