mercredi 21 mai 2025

« Guerre à Gaza : en sortant enfin du silence, les Occidentaux prêts à vraiment aborder un virage ? », l’éditorial de Marion d’Allard.



Assurément, le ton change. En paraphant un communiqué commun pour exiger la fin de l’offensive israélienne sur Gaza et l’entrée de l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne, en dénonçant « le niveau de souffrance humaine intolérable » et en condamnant « le langage odieux utilisé récemment par des membres du gouvernement israélien et la menace agitée d’un déplacement forcé des civils », Emmanuel Macron, Keir Starmer et Mark Carney sont sortis, enfin, de leur silence coupable.

Au moins dans les mots. Seulement dans les mots. Face aux atrocités perpétrées par l’armée de Netanyahou, les chancelleries occidentales, en écho à la force des mobilisations populaires – y compris Israéliennes –, auraient-elles pris le virage de la lucidité ?

Le régime de Tel-Aviv est plus isolé que jamais. Benyamin Netanyahou le sait. Et l’abjecte surenchère militaire à laquelle il se livre fait tout autant figure de planche de salut politique que de matrice stratégique pour parvenir à son ultime but : annexer Gaza, déporter les Palestiniens qui y vivent et poursuivre la colonisation en Cisjordanie, en Syrie et au Liban. Dans une invariable rhétorique de l’absurde, le premier ministre israélien s’obstine à taxer ceux qui s’opposent à ses visées génocidaires d’antisémitisme et de soutien au Hamas.

Certes, dans la bouche et sous la plume de chefs d’État et de gouvernement européens et nord-américains, les termes sont forts et inédits. Résolus même, lorsque Paris, Londres et Ottawa se disent, à l’unisson, « déterminés à reconnaître un État palestinien ». Mais derrière les grandes déclarations, demeure l’insupportable absence de sanctions. Elles sont indispensables pour mettre fin, instamment, aux massacres de masse ordonnés par un criminel de guerre sous mandat d’arrêt international.

Premier partenaire commercial d’Israël, l’Union européenne doit suspendre sans délai tous les accords en vigueur et décréter un embargo unanime, total, sur la vente et les livraisons d’armes. Bruxelles doit aussi œuvrer par tous les moyens pour que le droit international soit respecté et Benyamin Netanyahou arrêté. La prise de conscience ne suffit pas. Elle n’est qu’une première marche. Il faut désormais gravir toutes les autres.

 

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