La disparition des maternités est un sujet trop sérieux pour être laissé aux seules
mains du dogmatisme comptable. C’est le sens de la proposition de loi du député
Paul-André Colombani (Liot) qui doit être débattue ce jeudi 15 mai à
l’Assemblée nationale.
En exigeant un
moratoire immédiat de deux ans sur les fermetures des petites structures, l’élu
pointe l’urgence d’une situation devenue dramatique. Et tente d’insuffler un
peu de rationalité et d’intelligence démocratique dans une mécanique aveugle de
destruction des services publics qui ne jure que par les « regroupements
de moyens » et « l’optimisation des coûts ».
En moins de
cinquante ans, près des trois quarts des
maternités ont disparu. Justifiées,
un temps, au nom de la sécurité et des progrès médicaux, ces fermetures se sont
intensifiées depuis deux décennies sous la pression des contraintes
budgétaires, de la pénurie de soignants et d’une logique de rentabilité
délétère.
Les arguments pour
justifier cette concentration des établissements sont toujours les mêmes : présence médicale garantie, risques
obstétricaux minimisés… Mais ils ne disent rien des conséquences en cascade de
la désertification des territoires. Comment prétendre à plus de « sécurité »
quand, chaque année, plus de 7 000 femmes accouchent sans avoir eu le
temps d’atteindre un établissement de santé ? Comment parler d’« optimisation »
quand des patientes, faute de personnel suffisant, affrontent ce moment crucial
de leur vie quasi seules dans des usines à bébés saturées ?
N’en doutons
pas. Cette dégradation de l’accès aux soins participe de l’inquiétante
augmentation, depuis 2020, de la
mortalité infantile en France, devenue l’une des plus élevée d’Europe. Elle creuse les inégalités dans les zones rurales et
les quartiers populaires, là où l’offre médicale est déjà fragilisée.
Elle nourrit –
légitimement – un sentiment d’injustice et de relégation face à un État qui les
abandonne. Les maternités ne sont pas des entreprises qui l’on gère à coup de
« seuil ». L’accouchement réclame proximité, écoute, soins. Le
maillage territorial ne doit plus être une simple variable d’ajustement qui
néglige les vies et les corps. Mais un acte politique fort, fondé sur le
respect du droit des femmes à avoir un égal accès aux soins périnataux.
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