mercredi 16 avril 2025

La réponse de l’État aux maires : « Démairedez-vous », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



Ce n’est plus un coup de blues, mais une bonne dépression. Plus de 2 400 maires ont raccroché leur écharpe depuis les municipales de 2020, et 57 000 conseillers ont jeté l’éponge. Ce phénomène n’est pas circonscrit. Selon une enquête du Parisien-Aujourd’hui en France de novembre 2024, le malaise est profond : 91,2 % des 5 000 maires interrogés disent être « sous pression » et 44,6 % ont un jour pensé à la démission.

La démocratie locale est en souffrance parce que ses premiers acteurs le sont aussi. Nous ne parlons pas ici de la gestion des ghettos de riches de Saint-Cloud ou de Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine). Mais du quotidien de l’écrasante majorité des maires qui ont le sentiment d’être les laissés-pour-compte de la République, alors que leur politique constitue l’un des seuls remparts aux coups durs subis par leurs concitoyens.

Nicolas Sarkozy a enfoncé le clou, en baissant drastiquement les dotations aux collectivités. Ses successeurs lui ont emboîté le pas. La minorité présidentielle d’Emmanuel Macron vient d’infliger un coup de rabot de 2,2 milliards d’euros au budget 2025 alors que le transfert des charges, lui, s’est considérablement accru.

Les élus se retrouvent coincés entre des comptes intenables et une explosion des demandes sociales consécutives à la crise. Ils sont devenus « les urgentistes de la République », selon l’édile PCF de Grigny (Essonne) Philippe Rio, sacré meilleur maire du monde en 2021. Comment administrer une ville sans autonomie fiscale ? C’est l’équation impossible que tentent de résoudre chaque jour nos représentants locaux qui n’ont pour seule réponse de l’État qu’un « démairedez-vous ».

Il ne faut pas s’étonner que l’Association des maires de France boycotte la conférence sur les finances publiques de François Bayrou. Alors que l’exécutif projette de tailler de 40 à 50 milliards d’euros dans le budget 2026, on craint une nouvelle cure d’austérité pour les collectivités – la Tribune évoque le montant record de 8 milliards. De quoi alimenter le ras-le-bol d’élus locaux déconsidérés et privés de marges financières avec la suppression de la taxe professionnelle décrétée par Sarkozy en 2010 et, plus récemment, celle de la taxe d’habitation par un Emmanuel Macron qui refuse de taper dans le portefeuille des grandes fortunes.

 

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