Ce n’est plus
un coup de blues, mais une bonne dépression. Plus
de 2 400 maires ont raccroché leur écharpe depuis les municipales de 2020,
et 57 000 conseillers ont jeté l’éponge. Ce phénomène n’est pas
circonscrit. Selon une enquête du Parisien-Aujourd’hui en France de
novembre 2024, le malaise est profond : 91,2 % des 5 000 maires
interrogés disent être « sous pression » et 44,6 % ont un
jour pensé à la démission.
La démocratie
locale est en souffrance parce que ses premiers acteurs le sont aussi. Nous ne
parlons pas ici de la gestion des ghettos de riches de Saint-Cloud ou de
Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine). Mais du quotidien de l’écrasante majorité
des maires qui ont le sentiment d’être les laissés-pour-compte de la
République, alors que leur politique constitue l’un des seuls remparts aux
coups durs subis par leurs concitoyens.
Nicolas Sarkozy
a enfoncé le clou, en baissant drastiquement les dotations aux collectivités.
Ses successeurs lui ont emboîté le pas. La minorité présidentielle d’Emmanuel
Macron vient d’infliger un coup de rabot de 2,2 milliards d’euros au
budget 2025 alors que le transfert des charges, lui, s’est considérablement
accru.
Les élus se
retrouvent coincés entre des comptes intenables et une explosion des demandes
sociales consécutives à la crise. Ils sont devenus « les
urgentistes de la République », selon l’édile PCF de Grigny (Essonne)
Philippe Rio, sacré meilleur maire du monde en 2021. Comment administrer une
ville sans autonomie fiscale ? C’est l’équation impossible que tentent de
résoudre chaque jour nos représentants locaux qui n’ont pour seule réponse de
l’État qu’un « démairedez-vous ».
Il ne faut pas
s’étonner que l’Association des maires de France boycotte la conférence sur les finances
publiques de François Bayrou. Alors que l’exécutif projette de
tailler de 40 à 50 milliards d’euros dans le budget 2026, on craint une
nouvelle cure d’austérité pour les collectivités – la Tribune évoque le
montant record de 8 milliards. De quoi alimenter le ras-le-bol d’élus
locaux déconsidérés et privés de marges financières avec la suppression de la
taxe professionnelle décrétée par Sarkozy en 2010 et, plus récemment, celle de
la taxe d’habitation par un Emmanuel Macron qui refuse de taper dans le
portefeuille des grandes fortunes.
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