Combien de
postes en moins à l’hôpital, au risque d’allonger les temps d’attente des
patients aux urgences ? Combien d’enfants en difficulté scolaire parce que
leur professeur absent n’est pas remplacé, ou parce que les élèves sont trop
nombreux dans leur classe ?
Combien de
demandeurs d’emploi privés d’indemnités, contraints d’accepter un travail
précaire et mal payé ? Combien de fins de mois toujours plus difficiles
pour les travailleurs comme les retraités ? En annonçant une réduction de
40 milliards d’euros des dépenses publiques en 2026, le gouvernement
s’apprête à dégrader encore la qualité des services publics et à appauvrir la
population.
Pour justifier
ce choix, le ministre de l’Économie Éric Lombard pointe le recul de sa
prévision de croissance de 0,9 % à 0,7 % pour cette année, provoqué
par la guerre commerciale de Donald Trump. Indéniablement, celle-ci risque
d’entraîner une réduction des recettes fiscales, mais les politiques
austéritaires ne datent pas d’aujourd’hui : elles abîment le pays depuis
1983. Le seul budget 2025 prévoit 50 milliards d’euros de coupes,
auxquelles se sont ajoutés 5 milliards d’euros de gels de crédits la
semaine dernière, sans que cela donne lieu à un débat au Parlement.
Pour faire
avaler la pilule, le premier ministre convoque ce mardi une conférence sur les
finances publiques afin, dit-il, de sensibiliser les Français « aux
pathologies » du pays. En réalité, le chef de la coalition des battus
aux dernières élections législatives cherche à poursuivre la politique que les
Français ont massivement rejetée dans les urnes.
Il a d’ores et
déjà écarté l’hypothèse d’une hausse des impôts pour les plus riches et celle
d’une remise à plat des aides publiques aux entreprises. François Bayrou veut
faire adopter le budget 2026 avec un minimum de débat et sans vote en
recourant au 49.3. La conférence vise donc à s’assurer qu’il ne se trouvera
aucune majorité pour voter la censure. Quand il parle de proclamer l’« état
d’urgence budgétaire », Éric Lombard ne se trompe pas. Qui dit
« état d’urgence » dit, en effet, suspension de la démocratie.
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