samedi 1 février 2025

« Dérive(s) », le bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin



François IV insulte les héritiers de l’immigration.

Hideux Est-ce un naufrage, une dérive, une tactique ? Sans doute un peu, beaucoup, les trois. Avec un sens du timing pour le moins particulier, sachant qu’il avait plutôt donné le sentiment de vouloir (temporairement) tourner le dos au Rassemblement national pour négocier la survie de son gouvernement avec une frange du Parti socialiste, François IV vient donc de faire son entrée officielle dans le champ sémantique de l’extrême droite.

Répondant, mardi à l’Assemblée nationale, à une interpellation des responsables du groupe socialiste, le premier sinistre a maintenu ses propos tenus lundi soir sur LCI concernant le « sentiment d’une submersion » que ressentiraient les Français en matière d’immigration, non sans être acclamé par tous les députés RN.

« Submersion », le mot hideux et blessant de l’extrême droite partout en Europe et dans le monde. Au déshonneur, François IV ajoute un double mensonge. Primo : tentant d’éteindre la polémique, il osa préciser, ce qui est formellement faux, que « cette émission et le passage que vous indiquez étaient fondés sur la situation à Mayotte ». Secundo : évoquer une « submersion » signifierait que des chiffres puissent étayer l’hypothèse, seulement voilà, selon une étude de l’Insee, 7,7 % des personnes qui vivent en France sont étrangèrescontre 6,5 % en 1975. Mais enfin, de quoi parle-t-on ?

Pré-supposés Comment dès lors évoquer une éventuelle « submersion », sinon donner des gages et des signes francs et massifs à la droite et à l’extrême droite ? Car il ne s’agit pas d’un « dérapage », selon l’expression parfois consacrée. Preuve, sa pathétique tentative de justification devant la représentation nationale, lorsqu’il osa dire maladroitement que « les préjugés sont nourris par le réel ». Vous avez bien lu…

« Nourris par le réel », le racisme et l’antisémitisme, la xénophobie comme l’homophobie ? On croit rêver. Seuls les pré-supposés et la haine en sont les moteurs, le « réel » fonctionnant plutôt comme un antidote aux dérives idéologiques, morales et politiques. François IV a ainsi perdu les pédales. Comme si son masque venait de tomber. Comme si les citoyens découvraient subitement que, derrière le centriste bardé de bons sentiments, se cachait un véritable homme de droite, réactionnaire et calculateur, prêt en tous les cas à contredire les valeurs humanistes qu’il prétendait jusque-là défendre. Faut-il s’en étonner ?

Tollé Face à cette insulte aux héritiers de l’immigration et à l’histoire de notre pays, le bloc-noteur pourrait noter le nombre considérable de réactions indignées, évidemment à gauche, mais pas uniquement. Car les réserves, sinon les critiques, viennent aussi des propres rangs macronistes. « Je n’aurais jamais tenu ces propos, ils me gênent », a déploré la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.

« Compte tenu des dernières déclarations du premier ministre, il est légitime que la question de sa ligne sur l’immigration soit posée au gouvernement », a ajouté Florent Boudié, le président de la commission des Lois. Un autre élu macroniste historique, allant jusqu’à déclarer qu’une telle déclaration n’était « pas digne d’un premier ministre se voulant humaniste ». Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a pour sa part appelé la France à rester « un pays d’immigration, de travail ».

Signalons que ce considérable tollé a d’ailleurs nécessité la mise au point du directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), Didier Leschi, qui a tenu à préciser : « Il n’y a pas de submersion migratoire, mais il y a des endroits où la concentration de l’immigration pose des problèmes sociaux importants qu’il faut arriver à résoudre. » L’affaire est vite résumée.

François IV assume pleinement son alliance avec Retailleau et Darmanin sur les obsessions sécuritaires et migratoires, tout en ménageant le RN, singulièrement Fifille-la-voilà. Interrogé sur la possible condamnation de la leader du RN à une peine d’inéligibilité avec exécution provisoire, dans l’affaire des assistants parlementaires, le premier sinistre, au mépris de la séparation des pouvoirs, a jugé « injuste » l’accusation formulée à l’encontre de Fifille-la-voilà. Rien à ajouter.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

COMPAGNONS !

Je garderai de vous, compagnons de misère, au blanc de mes jardins la noirceur de vos pas, des rides de douleur sur une eau qui fut claire...