François IV insulte les héritiers de
l’immigration.
Hideux Est-ce un naufrage, une dérive, une
tactique ? Sans doute un peu, beaucoup, les trois. Avec un sens du timing
pour le moins particulier, sachant qu’il avait plutôt donné le sentiment de
vouloir (temporairement) tourner le dos au Rassemblement national pour négocier
la survie de son gouvernement avec une frange du Parti socialiste, François IV
vient donc de faire son entrée officielle dans le champ sémantique de l’extrême
droite.
Répondant, mardi à l’Assemblée nationale, à une
interpellation des responsables du groupe socialiste, le premier sinistre a
maintenu ses propos tenus lundi soir sur LCI concernant le « sentiment
d’une submersion » que ressentiraient les Français en matière
d’immigration, non sans être acclamé par tous les députés RN.
« Submersion », le mot hideux et blessant de l’extrême
droite partout en Europe et dans le monde. Au déshonneur, François IV
ajoute un double mensonge. Primo : tentant d’éteindre la polémique, il osa
préciser, ce qui est formellement faux, que « cette émission et le
passage que vous indiquez étaient fondés sur la situation à Mayotte ».
Secundo : évoquer une « submersion » signifierait
que des chiffres puissent étayer l’hypothèse, seulement voilà, selon une étude
de l’Insee, 7,7 % des personnes qui vivent en France sont étrangères contre 6,5 % en 1975. Mais enfin, de quoi parle-t-on ?
Pré-supposés Comment dès lors évoquer une
éventuelle « submersion », sinon donner des gages et des
signes francs et massifs à la droite et à l’extrême droite ? Car il ne
s’agit pas d’un « dérapage », selon l’expression parfois consacrée.
Preuve, sa pathétique tentative de justification devant la représentation
nationale, lorsqu’il osa dire maladroitement que « les préjugés
sont nourris par le réel ». Vous avez bien lu…
« Nourris par le réel », le racisme et l’antisémitisme, la
xénophobie comme l’homophobie ? On croit rêver. Seuls les pré-supposés et
la haine en sont les moteurs, le « réel » fonctionnant plutôt comme
un antidote aux dérives idéologiques, morales et politiques. François IV a
ainsi perdu les pédales. Comme si son masque venait de tomber. Comme si les
citoyens découvraient subitement que, derrière le centriste bardé de bons
sentiments, se cachait un véritable homme de droite, réactionnaire et
calculateur, prêt en tous les cas à contredire les valeurs humanistes qu’il
prétendait jusque-là défendre. Faut-il s’en étonner ?
Tollé Face à cette insulte aux héritiers de
l’immigration et à l’histoire de notre pays, le bloc-noteur pourrait noter le
nombre considérable de réactions indignées, évidemment à gauche, mais pas
uniquement. Car les réserves, sinon les critiques, viennent aussi des propres
rangs macronistes. « Je n’aurais jamais tenu ces propos, ils me
gênent », a déploré la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël
Braun-Pivet.
« Compte tenu des dernières
déclarations du premier ministre, il est légitime que la question de sa ligne
sur l’immigration soit posée au gouvernement », a ajouté Florent Boudié, le
président de la commission des Lois. Un autre élu macroniste historique, allant
jusqu’à déclarer qu’une telle déclaration n’était « pas digne d’un
premier ministre se voulant humaniste ». Le ministre de
l’Économie, Éric Lombard, a pour sa part appelé la France à rester « un
pays d’immigration, de travail ».
Signalons que ce considérable tollé a d’ailleurs
nécessité la mise au point du directeur général de l’Office français de
l’immigration et de l’intégration (Ofii), Didier Leschi, qui a tenu à
préciser : « Il n’y a pas de submersion migratoire, mais il y
a des endroits où la concentration de l’immigration pose des problèmes sociaux
importants qu’il faut arriver à résoudre. » L’affaire est vite
résumée.
François IV assume pleinement son alliance avec
Retailleau et Darmanin sur les obsessions sécuritaires et migratoires, tout en
ménageant le RN, singulièrement Fifille-la-voilà. Interrogé sur la possible
condamnation de la leader du RN à une peine d’inéligibilité avec exécution
provisoire, dans l’affaire des assistants parlementaires, le premier sinistre,
au mépris de la séparation des pouvoirs, a jugé « injuste » l’accusation
formulée à l’encontre de Fifille-la-voilà. Rien à ajouter.
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