Le
17 janvier 1975, la loi Veil légalisant l’interruption volontaire de
grossesse est promulguée par le gouvernement français. Cinquante ans après,
comme ils le font tous les ans depuis 2005, les anti-IVG vont défiler dans les
rues de Paris. On aurait tort de penser que cette manifestation est de l’ordre
de l’anecdotique ou le fait d’une poignée de grenouilles de bénitier
réactionnaires. On aurait encore plus tort de croire que le droit à
l’avortement, même constitutionnalisé, est un acquis intouchable.
Le combat que
mènent les réactionnaires de tous poils contre l’IVG s’inscrit aujourd’hui dans
un mouvement plus vaste d’attaque contre les femmes. L’objectif est de les
renvoyer dans leur immense majorité à un rôle de mère, d’épouse ou d’objet
sexuel. Et cette lutte acharnée contre le concept même d’égalité entre les
femmes et les hommes est menée à l’échelle mondiale.
À commencer par
le sort fait aux femmes afghanes, enfermées, frappées, interdites de tout. Dans
nos sociétés libérales et démocratiques, les femmes sont aussi dans le viseur.
Particulièrement aux États-Unis. Sur les réseaux sociaux, les mentions « ton
corps, mon choix » et « retourne dans la cuisine »
ont augmenté de 4 600 % en seulement 24 heures après l’élection
de Donald Trump.
Mark
Zuckerberg, le patron de Meta, dénonce, lui, un « monde de l’entreprise
culturellement émasculé » et exalte « l’énergie masculine et
les bienfaits de l’agressivité ». Au passage, notons que Zuckerberg
opère en réalité un retour aux sources, puisque à l’origine Facebook était une
application pour comparer et noter le physique des étudiantes de Harvard.
En France
aussi, masculinisme, sexisme et virilisme sont mis en avant, valorisés, glorifiés
même, par nombre d’influenceurs qui touchent essentiellement des jeunes hommes
et des adolescents. Ils sont l’une des portes d’entrée qui conduisent ensuite
vers les contenus ouvertement d’extrême droite, au cœur desquels la lutte
contre l’IVG. Cinquante ans après la loi Veil, le droit à l’avortement et les
conditions d’accès à ce droit restent des marqueurs du sort et de la véritable
place des femmes dans la société.
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