Ça commence à ressembler à la pièce de Beckett En attendant Godot. Mais
c’est qui, ce Godot ? Des noms circulent mais on ne voit rien venir. Ah
si, Bruno Retailleau. C’est paraît-il le seul à être sûr de retrouver le
ministère de l’Intérieur. Il a su s’y faire une place en monomaniaque de
l’immigration. Une carte pour se concilier le Rassemblement national ? Pas
sûr que ce soit la bonne, mais ça donne le ton. À droite toute. François Bayrou
a feint de consulter, y compris à gauche. C’était bien sûr pour ne rien lâcher,
en particulier sur les retraites. Aucune ouverture réelle. Voilà donc six mois
que ça dure.
Six mois pour en arriver là, après la décision jupitérienne et absurde de
dissolution de l’Assemblée nationale, prise par Emmanuel Macron, seul. Qu’en
espérait-il, quand il ne pouvait vraiment ignorer la perte de crédibilité de
son camp, en échec aux élections européennes. Une cohabitation avec le RN et Jordan
Bardella, premier ministre, avec l’idée de rebattre les cartes, encore ?
Le front républicain en a décidé autrement et le résultat du Nouveau Front
populaire a rendu l’opération impossible.
La logique républicaine et démocratique, on le sait, aurait voulu qu’il
nomme un premier ministre ou une première ministre de gauche, pour mener une
politique de gauche quand bien même elle aurait appelé à des recherches de
majorités texte par texte, voire de compromis. C’est à quoi il a décidé de
s’opposer, à tout prix, gagnant du temps, repoussant sans cesse une décision de
plus en plus difficile à prendre jusqu’à nommer, de manière à la fois
pathétique et dérisoire, Michel Barnier, puis François Bayrou, comme s’ils
avaient la clé de la situation.
Quel paradoxe pour celui qui, en 2017, promettait de renouveler la
politique et ne fait désormais que présider toujours plus à droite avec un
casting que l’on verra dès après les fêtes, sans crédit dans l’opinion,
totalement fermé aux urgences sociales et singulièrement ouvert à la
multiplication des plans sociaux. Tout ça pour ça. Contrairement à la formule
célèbre, il n’a rien changé pour que rien ne change.
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