vendredi 13 décembre 2024

« Confusion(s) », le bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin.



Contradictions : C’est un peu toujours la même histoire, en vérité. À partir de laquelle il convient de réfléchir posément, sans anathème mais avec une grande lucidité. Ainsi donc, à la faveur de crises successives, qui continuent de fonctionner comme des accélérateurs du temps, la chute finale du premier sinistre, dont le gouvernement a été méchamment renversé à l’Assemblée nationale, les responsables du Parti socialiste « sont allés proposer leurs services » à Mac Macron II, « en vue de débloquer la situation », pour reprendre les mots du Monde, cette semaine.

Tout cela, vous le savez, après avoir voté en bloc la censure, le 6 décembre, accusant le titulaire de Matignon d’être d’un « sinistre gouvernement de connivence avec l’extrême droite ». Les mots ont un sens. Le patron du PS, Olivier Faure, a même ouvert le jeu, si l’on peut dire, en se disant prêt à discuter avec les macronistes et la droite sur la base de « concessions réciproques » en vue de former une équipe ayant un « contrat à durée déterminée ».

Vous aussi, vous vous êtes énervés en écoutant ou lisant ces phrases ? Le Monde, qui ne pouvait passer à côté, résumait bien la situation : « Après sept ans d’effacement, la gauche réformiste bouge. Elle tente de conquérir son autonomie à la faveur de la crise politique. » Avec cet ajout signifiant : « Elle a participé sans sourciller à une censure, mais rechigne à en valider d’autres qui mettraient à mal sa culture de gouvernement dans un pays de plus en plus troublé et de plus en plus critique à l’égard du Parlement. » Manière comme une autre de pointer quelques contradictions assez fondamentales, non ?

LE FANTASME DU « BLOC CENTRAL ».

Chantage : Le piège tendu par Mac Macron II, toujours prêt aux coups tordus, a semble-t-il réactivé de vieux réflexes. Au grand dam d’une partie de la gauche. Olivier Faure a eu beau affirmer finalement que ses troupes ne participeraient « en aucun cas à un gouvernement dirigé par un premier ministre de droite », le coin était enfoncé. Et le Nouveau Front populaire se retrouvait, de fait, en pleine confusion.

L’enchaînement des événements politiques est pourtant d’une clarté absolue. Après avoir vu sa politique sévèrement rejetée par les Français dans les urnes en mai dernier, puis aux législatives, Mac Macron II organise depuis six mois une grande manipulation politique dans le seul but, comme l’a démontré le gouvernement déchu, de remettre en selle l’orientation qui a mené le pays dans la situation actuelle. Reprenons dans l’ordre. La dissolution fut l’acte 1 : échec de Mac Macron II. Le gouvernement Barnier en fut l’acte 2 : échec à nouveau consommé, malgré une honteuse tentative de collusion avec l’extrême droite.

En bref, Mac Macron II utilise toujours l’instabilité qu’il a lui-même provoquée pour relancer son projet : la fameuse « alliance » entre droite et gauche pour relancer l’adhésion aux politiques de soutien au capital, au nom de la sacro-sainte « stabilité du pays », sans parler des « finances publiques », de « la dette », etc. La réalité reste plus brutale : répondre au chantage des marchés financiers. Quitte à rendre chronique l’instabilité politique, tout en divisant le NFP, à tout prix, pour soi-disant « neutraliser les extrêmes ».

Droite : Comme beaucoup, le bloc-noteur devrait s’en tenir au « message » des urnes. Et revenir, en quelque sorte, à ce qu’ont exprimé les Français. Cela s’appelle la démocratie, digne de notre République. Primo : changer de cap politique afin de répondre aux colossales urgences sociales. Secundo : arrêter de conditionner l’avenir du pays et du Parlement au bon vouloir de l’extrême droite, comme l’ont fait savoir les Français dans les urnes, par le barrage républicain, en empêchant les lepénistes de gouverner.

Voilà les deux messages essentiels, qui auraient dû guider le roitelet de l’Élysée. Après l’union sacrée droite-libéraux, ce dernier n’entrevoit qu’une union droite-gauche par le fantasme du « bloc central », qui, au final, ne résonne que par le mot « droite ». En somme, tout le contraire d’une nouvelle politique sociale et démocratique, incarnée par le NFP, à condition qu’il n’explose pas et demeure fidèle au serment de ses engagements initiaux. Ne l’oublions jamais : ceux qui biaiseront avec cette exigence prendront la responsabilité de tout casser, et plus encore de renforcer la colère sociale, déjà immense. Au service de qui ? De l’extrême droite…

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