lundi 11 novembre 2024

« Violence raciste », l’éditorial de Rosa Moussaoui dans l’Humanité.



Toutes les violences racistes sont insupportables. Les images de supporters israéliens brutalisés dans les rues d’Amsterdam jeudi soir, à la sortie du match de football opposant l’Ajax au Maccabi Tel-Aviv, ont soulevé une émotion légitime, sur un continent où s’installe un glaçant climat de racisme, avec une forte recrudescence des actes à caractère antisémite. L’enquête conduite par la police néerlandaise devra faire toute la lumière sur les circonstances, les motivations et le profil des auteurs de ces violences.

Aucune forme de violence raciste n’est tolérable, et la haine déchaînée par les hooligans israéliens ne mérite pas davantage la complaisance. Dès leur arrivée en Europe, ces ultras ont multiplié les agressions, les provocations, sifflant la minute de silence pour les victimes espagnoles des inondations, entonnant des chants pour célébrer le nettoyage ethnique et les mécaniques génocidaires à l’œuvre à Gaza. « Que l’armée israélienne baise les Arabes ! »« Il n’y a plus d’écoles à Gaza car il n’y a plus d’enfants ! » : de tels slogans, entendus jeudi soir, relèvent de l’apologie de crimes de guerre. Aucun dirigeant européen, pourtant, n’a jugé bon de les condamner.

Benyamin Netanyahou, lui, a aussitôt entrepris d’exploiter ces événements, dénonçant une « attaque antisémite préméditée ». Une instrumentalisation au goût bien amer, pour qui connaît les alliances interlopes nouées en Europe par le premier ministre israélien avec des extrêmes droites absoutes de leur lourd passé antisémite, en contrepartie de leur soutien inconditionnel à la politique de destruction, d’occupation et de colonisation de la Palestine.

Sa stratégie porte ses fruits : alors que ces violences éclataient à Amsterdam, le Bundestag adoptait, à Berlin, un texte contre l’antisémitisme incluant des dispositions qui criminalisent toute critique de la politique israélienne. Beatrix von Storch, la vice-présidente du parti d’extrême droite AfD, petite-fille de Lutz Schwerin von Krosigk – le ministre des Finances d’Adolf Hitler –, y a vu une confirmation de sa thèse de « l’antisémitisme importé » par les migrants. L’exécration des Arabes autorise toutes les falsifications historiques. Au risque de laisser prospérer un vieil antisémitisme européen toujours tapi dans l’ombre, prêt à emporter les juifs dans les mêmes torrents de haine que les Arabes.

 

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