Toutes les violences racistes sont insupportables. Les images de
supporters israéliens brutalisés dans les rues d’Amsterdam jeudi soir, à la
sortie du match de football opposant l’Ajax au Maccabi Tel-Aviv, ont soulevé
une émotion légitime, sur un continent où s’installe un glaçant climat de
racisme, avec une forte recrudescence des actes à caractère antisémite.
L’enquête conduite par la police néerlandaise devra faire toute la lumière sur
les circonstances, les motivations et le profil des auteurs de ces violences.
Aucune forme de violence raciste n’est tolérable, et la haine déchaînée par
les hooligans israéliens ne mérite pas davantage la complaisance. Dès leur
arrivée en Europe, ces ultras ont multiplié les agressions, les provocations,
sifflant la minute de silence pour les victimes espagnoles des inondations,
entonnant des chants pour célébrer le nettoyage ethnique et les mécaniques
génocidaires à l’œuvre à Gaza. « Que l’armée israélienne baise les
Arabes ! », « Il n’y a plus d’écoles à Gaza car il
n’y a plus d’enfants ! » : de tels slogans, entendus jeudi
soir, relèvent de l’apologie de crimes de guerre. Aucun dirigeant européen,
pourtant, n’a jugé bon de les condamner.
Benyamin Netanyahou, lui, a aussitôt entrepris d’exploiter ces événements,
dénonçant une « attaque antisémite préméditée ». Une
instrumentalisation au goût bien amer, pour qui connaît les alliances
interlopes nouées en Europe par le premier ministre israélien avec des extrêmes
droites absoutes de leur lourd passé antisémite, en contrepartie de leur
soutien inconditionnel à la politique de destruction, d’occupation et de
colonisation de la Palestine.
Sa stratégie porte ses fruits : alors que ces violences éclataient à
Amsterdam, le Bundestag adoptait, à Berlin, un texte contre l’antisémitisme
incluant des dispositions qui criminalisent toute critique de la politique
israélienne. Beatrix von Storch, la vice-présidente du parti d’extrême droite
AfD, petite-fille de Lutz Schwerin von Krosigk – le ministre des Finances
d’Adolf Hitler –, y a vu une confirmation de sa thèse de « l’antisémitisme
importé » par les migrants. L’exécration des Arabes autorise
toutes les falsifications historiques. Au risque de laisser prospérer un vieil
antisémitisme européen toujours tapi dans l’ombre, prêt à emporter les juifs
dans les mêmes torrents de haine que les Arabes.
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