Le débat qui s’engage à gauche sur les raisons de la
victoire de Donald Trump aux
États-Unis et les moyens d’endiguer pareil événement en France est utile et
même nécessaire. D’abord, parce que la France est confrontée peu ou prou au
même risque : l’arrivée au pouvoir d’une extrême droite décidée à mettre à
mal les fondements de la République.
De ce point de vue, l’élection du milliardaire états-unien constitue un
appel d’air supplémentaire pour l’extrême droite française, un encouragement et
peut-être même un mode d’emploi. On peut être élu président d’une grande
puissance après une campagne à la démagogie, au racisme et à la misogynie
décomplexés.
On peut être élu en basant le « débat » sur une réalité
alternative en dépit de tous faits vérifiables et ainsi saper la possibilité
d’un réel exercice démocratique. Le dispositif trumpiste, aussi fou que cela puisse
paraître, s’avère redoutablement efficace.
C’est peut-être la plus grande erreur des démocrates
américains : avoir davantage misé sur un rejet de leur adversaire que sur
un projet qui réponde aux multiples maux dont souffrent les Américains ou à une
question brûlante comme la paix à Gaza. Kamala Harris est ainsi apparue
comme la candidate d’un statu quo dont plus personne ne veut.
Voilà un enseignement important pour la gauche en France. « Il
ne devrait pas être très surprenant qu’un Parti démocrate qui a abandonné la
classe ouvrière se rende compte que la classe ouvrière l’a abandonné »,
résumait Bernie Sanders au soir de la défaite. Une phrase qui, au regard des
dernières élections en France, n’est pas dénuée de similitude avec la situation
de la gauche de ce côté de l’Atlantique.
Les crises qui secouent les vieilles démocraties occidentales appellent des
réponses progressistes fortes, ambitieuses, transformatrices. Ici aussi, trop
de citoyens qui vivent mal aujourd’hui et regardent demain avec anxiété sont
tentés par le retrait électoral ou, pire, les options autoritaires. De la
capacité de la gauche à les unir dépend la possibilité d’empêcher que le
trumpisme ne fasse tache d’huile.
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