Selon la ministre de la Culture, « faire payer l’entrée de
Notre-Dame sauverait toutes les Églises de France ». Diable ! Que
n’y avait-on pensé plus tôt ? À quelques semaines de la réouverture de la
cathédrale, Rachida Dati dégaine cette idée qu’elle a aussi sec soumise à
l’archevêque de Paris.
Pas de savants calculs, une simple multiplication suffit :
5 euros par touriste rapporteraient 75 millions. Jésus multipliait
les pains, sainte Rachida Dati multiplie les euros. Le budget de la Culture
subissant les mêmes restrictions que les autres, c’est « au nom de
l’effort collectif » que cette proposition arrive sur l’autel des
arbitrages de Bercy. Amen.
Cette idée n’est pas nouvelle. Stéphane Bern, l’apôtre du patrimoine, y
avait déjà songé dès 2017, tout en précisant que, bien évidemment, « les
fidèles continueront de venir prier gratuitement. Mais à certaines
heures ». Les infidèles, eux, devraient donc s’acquitter d’une obole.
C’est faire fi, bien vite, de la loi de 1905 qui interdit de
faire payer l’entrée des lieux de culte. Rendre payant ce qui, jusqu’ici, était gratuit rime avec privatisation
d’un espace public. C’est dans l’air du temps. Victor Hugo doit se retourner
dans sa tombe… Mais aussi toutes les Esmeralda, tous les bohémiens, les
va-nu-pieds, les sans-papiers et les sans-rien pour qui les Églises demeurent
un refuge.
Cela fait longtemps qu’elles ne sont plus des asiles mais chacune et chacun
peut y entrer sans obligation de prier et sans avoir de comptes à rendre à
quiconque. C’est cet aspect-là des choses qu’avancent les autorités
ecclésiastiques qui n’adoubent pas la proposition de la ministre.
Derrière cette annonce, se cache une vision purement comptable du
patrimoine qui romprait avec une philosophie qu’avait su préserver la loi de
1905. On est loin, bien loin de la démocratisation culturelle. Il y aurait bien
d’autres pistes pour renflouer les caisses.
Augmenter la taxe de séjour de quelques centimes, taxer un peu plus, un peu
mieux les Airbnb… Des mesures plus justes, plus efficaces, plus républicaines.
Mais Rachida Dati, préférant s’en prendre à Anne Hidalgo sur le sujet, cultive
d’autres ambitions. Notre-Dame de Paris a bon dos.
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