L’enquête dévoilée mercredi 23 octobre par le Conseil économique, social et
environnemental offre un instantané saisissant de la
crise démocratique que
traverse la France. Un Français sur deux (51 %) penserait que « seul
un pouvoir fort » peut garantir l’ordre et la sécurité. Et
23 % iraient jusqu’à estimer que la démocratie n’est pas le meilleur
système politique existant (31 % chez les moins de 35 ans).
Quant au personnel politique, il est, sans surprise, considéré comme « déconnecté
des réalités des citoyens » par l’écrasante majorité des sondés
(76 %). Des chiffres accablants. En 2017, le candidat Macron fustigeait
la « démocratie confisquée » et « l’entre-soi
de la vie politique ». Sept ans plus tard, le constat
s’impose : le chef de l’État a exacerbé les
maux qu’il prétendait combattre.
Pour autant, il serait faux de croire que les Français rêvent de dictature.
Derrière cette crise de confiance se révèlent, au contraire, des attentes aux
antipodes des solutions autoritaires, méprisantes et ultralibérales portées par
la Macronie, la droite et son extrême.
« Les
Français ne veulent pas moins de démocratie. Ils en veulent plus et
mieux. »
Selon l’enquête, ce qui prédomine chez nos concitoyens et mine leur
adhésion à la société est un profond sentiment d’inégalité, sur tous les plans :
social, territorial, femmes/hommes… Au point que 24 % des sondés ont
l’impression « de ne pas faire partie de la société
française ». Sentiment d’exclusion, de relégation. Quant à leurs
préoccupations, elles se portent en priorité sur la santé, le pouvoir d’achat,
la situation économique et politique du pays ou encore l’environnement. Très
loin devant l’immigration (18 % seulement) dont l’exécutif, le RN et ses
relais médiatiques nous rebattent les oreilles. Vous avez dit
« déconnexion » ?
Les Français ne veulent pas moins de démocratie. Ils en veulent plus et
mieux. Cette demande « d’autorité » n’est pas synonyme de
bâton et de xénophobie. Mais d’un État qui joue pleinement son rôle face aux
puissances économiques, avec des services publics efficients sur les questions
de santé, de justice ou encore d’éducation, garant d’une réelle égalité des
droits. Dans ce contexte, le budget d’austérité que le gouvernement Barnier
s’apprête à imposer à coups de 49.3 apparaît comme une gifle supplémentaire
adressée aux Français. Et du carburant au profond ressentiment qu’éprouve le
pays.
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