jeudi 17 octobre 2024

« Démission », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité.



Tiens ? Des pauvres ? La Journée mondiale du refus de la misère possède – au moins – cette vertu : celle de rappeler une fois par an au gouvernement l’existence de personnes en grande précarité. Et, sait-on jamais, de lui faire toucher du doigt les dégâts de sa politique inégalitaire, tout entière consacrée à accroître les richesses de ceux qui en ont déjà. En 2017, le chef de l’État promettait que plus personne ne dormirait dehors à la fin de son quinquennat. Après sept années de néolibéralisme débridé, le bilan est lamentable.

Le sans-abrisme prolifère. À titre d’exemple, le 19 août dernier, 2 043 enfants sont restés sans solution d’hébergement après l’appel de leur famille au 115. Un chiffre en hausse de 120 % par rapport à 2020 ! Quant au nombre de Français·es vivant en dessous du seuil de pauvreté, il grimpe inexorablement : 9,1 millions de personnes, soit 14,4 % de la population. Un pourcentage jamais vu depuis des décennies.

Ces chiffres témoignent du mépris des gouvernements macronistes successifs face à la condition des plus démunis. L’an passé, une enquête sur le travail parlementaire rappelait que le sort des sans-abri n’était abordé que dans 0,1 % des textes proposés depuis 2017. Pis : plutôt que de se confronter à la pauvreté endémique, la seule réponse politique de ces dernières années a été de criminaliser ceux qui en sont victimes. Arrêtés antimendicité, loi anti-squat… autant de mesures qui détruisent la solidarité nationale et renvoient à l’idée que le pauvre est seul coupable de sa situation.

Le gouvernement Barnier, malheureusement, ne changera rien à cette philosophie. Au contraire. La cure d’austérité annoncée va lourdement peser sur les budgets des collectivités qui, du RSA à l’hébergement d’urgence, ont la responsabilité d’une partie de l’aide sociale. En réduisant ces moyens, le gouvernement, dans un terrible cynisme, s’attaque directement à ce dernier filet de sécurité, prolongeant par là même une insupportable indifférence.

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Je garderai de vous, compagnons de misère, au blanc de mes jardins la noirceur de vos pas, des rides de douleur sur une eau qui fut claire...