Emmanuel Macron a présenté ce lundi ce qu’il
résume à une « écologie à la française »,
une « écologie compétitive ». Le fruit d’un an
de travaux sous la houlette de Matignon. Mais, comme souvent
en Macronie, le président de la République, seul en scène, a précieusement
conservé la primauté de l’annonce finale. Et, comme souvent, le
résultat n’est pas à la hauteur pour quiconque espérait encore que la
lutte contre le réchauffement climatique soit enfin hissée au premier
rang des priorités.
Alors que la France – comme l’Union européenne –
affiche l’objectif très ambitieux d’une baisse
de ses émissions de gaz à effet de serre de 50 % d’ici
à 2030 et maintient le cap théorique d’une neutralité carbone pour 2050,
les grands discours se heurtent au mur du manque de courage
politique. Transport, logement, industrie, alimentation, énergie,
protection de la biodiversité, la bataille doit se mener sur tous les fronts,
mais les entraves budgétaires, le retour à pas feutrés de l’austérité et
le refus dogmatique de mettre à contribution les plus riches obèrent les
investissements indispensables. Une contradiction
mortifère. Pourtant, six des neuf limites planétaires sont désormais atteintes
et l’été que nous venons de vivre a confirmé ce que les scientifiques
prédisent depuis longtemps : dans un climat qui se réchauffe, les
événements météorologiques extrêmes redoublent en fréquence
et en intensité.
L’enveloppe dédiée à la transition devrait atteindre
les 40 milliards d’euros pour 2024 ? Le rapport de Jean Pisani-Ferry,
publié en mai, en préconisait 66, adossés à un impôt exceptionnel sur
les grandes fortunes. Les émissions de gaz à effet de serre de la France
ont reculé de 2,7 % entre 2021 et 2022 ? Celles liées à la production
d’énergie ont bondi de près de 5 % et les subventions aux énergies
fossiles n’ont jamais été aussi élevées. Emmanuel Macron annonce la
fermeture définitive des deux dernières centrales à
charbon françaises en 2027 ? Le même la promettait déjà en
2018, pour 2022. C’est « ce double discours incohérent » que l’écologue coauteur
du Giec Wolfgang Cramer dénonce aujourd’hui dans nos
colonnes. Le cercle vicieux du « en même temps » permanent.
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