lundi 11 octobre 2021

DE TOCQUEVILLE à MACRON !



Je viens de relire un discours d’Alexis TOCQUEVILLE ** prononcé le 12 septembre 1848 et critiquant un amendement socialiste qui défend l’inscription d’un « droit du travail » dans la constitution a été réédité par les éditions « Les belles lettres ». Sa lecture m’a donné comme impression d’être renvoyé, comme en écho, aux prises de positions du ministre de l’Économie d’hier et du Président aujourd’hui.

Nul doute qu’Alexis TOCQUEVILLE aurait apprécié le rapport « progressiste » de Terra Nova préconisant que les règles du « droit du travail » ne soient plus fixées par la loi mais par des accords d’entreprise. En fait, de substituer le contrat à la loi.

C’est précisément sur le rôle de l’État dans l’organisation du travail que portait l’intervention d’Alexis TOCQUEVILLE à l’Assemblée nationale le 12 septembre 1848, s’opposant alors à un député socialiste ouvrant un « droit du travail » qui serait intégré dans le projet de nouvelle constitution. L’intérêt de ce texte réédité réside dans la démonstration et les arguments développés par Tocqueville pour réfuter ce « droit au travail », un débat idéologique qui reste d’actualité comme l’a montré la discussion de la loi MACRON. Alors ce dernier est-il un élève de Tocqueville ?

Tocqueville s’oppose aux socialistes. À ses yeux l’amendement socialiste va bien trop loin en accordant « à chaque homme en particulier le droit général absolu, irrésistible, au travail » avec pour conséquence finale que l’État deviendra « l’unique entrepreneur de l’industrie », « accumulant ainsi dans ses mains tous les capitaux des particuliers », se transformant en « propriétaire unique de toutes choses », bref imposera « le communisme ». Il faut que la France sache, dit-il encore si la révolution de février est ou non une révolution socialiste ». Pour montrer combien le socialisme est dans l’erreur, Tocqueville considère qu’il trahit la révolution de 1789 qui n’ont remis en cause ni le principe de la propriété privée, ni les idéaux.

Il dit encore : « l’ancien régime professait cette opinion, que la sagesse seule est dans l’État, que les sujets sont des êtres infirmes et faibles qu’il faut tenir par la main, de peur qu’ils ne tombent ou ne se blessent…, qu’il est nécessaire de réglementer l’industrie, d’assurer la bonté des produits, d’empêcher la libre concurrence ». « Au contraire des socialistes qui trahissent l’esprit républicain, et infantilisent les citoyens, Tocqueville recommande que l’État se cantonne à « veiller » à ce que les ouvriers se présentent pour chercher du travail, « en trouvent toujours chez les particuliers ». Autrement dit, laisser les acteurs libres de passer le contrat qui leur convient.

ALORS N’EST-CE PAS LA MÊME
LEÇON INDIVIDUELLE QU’EMMANUEL MACRON, MINISTRE DE L’ÉCONOMIE DANS UN GOUVERNEMENT SOCIALISTE, PUIS PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE A DISPENSÉ AU FIL DES ANNÉES, EN AFFIRMANT PAR EXEMPLE QUE « LE LIBERAISME EST UNE VALEUR DE GAUCHE », JUGEANT QUE « L’ÉTAT A SA PLACE MAIS IL EN A TROP PRIS ». BREF QUE TOCQUEVILLE EST DE GAUCHE MAIS PAS SOCIALISTE !

**Alexis de TOCQUEVILLE, est l’auteur notamment de « De la démocratie en Amérique ». Cet ouvrage est redevenu depuis les années soixante le grand classique de la modernité, de préférence à MARX. Ses exégètes n’ont cessé de croître tant en France et qu'aux Etats-Unis. Parmi eux, on peut nommer Raymond Aron, Raymond Boudon, François Furet, Bernard Henri Lévy, Alain Finkielkraut, Pierre Manent et autres penseurs libéraux. Et pour cause !

Son « œuvre » a eu une influence considérable sur le libéralisme et la pensée politique. S’il défend au parlement ses positions anti-esclavagistes et s’interroge sur la colonisation en particulier en Algérie, ce « libéral-conservateur » fit partie de la Société d’Économie Charitable, réunion de députés catholiques sociaux, pour la plupart légitimistes. Après la chute de la monarchie de juillet, il est élu à l’Assemblée constituante de 1848. Il est une personnalité éminente du parti de l’Ordre, un parti résolument conservateur. Prenant conscience du poids de la classe ouvrière et de l’émergence du socialisme avec la révolution française de 1848 qu’il considère comme une trahison de la révolution de 1789, il approuvera sans aucune réserve la répression sanglante de la révolution parisienne des journées de juin 1848.

 

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