lundi 21 juillet 2025

« Incendie : la pénurie de canadairs », l’éditorial de Lionel Venturini.



Comment ne pas souscrire au premier abord à ce qu’écrit sur X le président de la République : « En Brocéliande, à Martigues, à Fréjus, partout où les incendies frappent actuellement, nos pompiers livrent bataille. Ils protègent des vies, nos forêts, notre patrimoine. Je leur exprime notre reconnaissance et notre soutien. » Bien, mais un peu court tout de même : les pompiers luttent avec des moyens limités.

Comme l’a rappelé la députée socialiste Sophie Pantel, à l’hiver 2024, le gouvernement Attal avait fait discrètement annuler par décret l’achat de deux Canadairs sur les quatre prévus dans la loi de Finances, pour cause d’austérité budgétaire. Le texte visait à faire 10 milliards d’euros d’économies en sabrant dans la dépense publique. L’élue de Lozère sait de quoi elle parle, elle est la coauteure d’un rapport parlementaire portant précisément sur l’état de la flotte aérienne de la Sécurité civile, rendu le 2 juillet dernier.

Outré de ce rappel factuel, le parti Renaissance tente la diversion : les délais de fabrication du constructeur De Havilland n’auraient de toute façon pas permis leur mise en service cet été… Ou comment avouer indirectement l’impréparation du gouvernement tandis que les étés incendiaires se multiplient avec le réchauffement climatique. Plusieurs départements comme l’Hérault, les Alpes-Maritimes ou les Bouches-du-Rhône en sont même réduits à louer leurs propres moyens aériens pour pallier une flotte en tension, malgré les gros Dash 8 ou les hélicoptères Puma bombardiers d’eau.

Pourtant, en 2022, le président de la République s’était bien engagé à renouveler d’ici à 2027 la flotte des douze Canadairs en service. Là encore, c’est un peu court. En réalité, la flotte sera essentiellement « mise à jour » – avec des indisponibilités temporaires –, tandis qu’une poignée d’appareils seraient remplacés.

« Les moyens aériens n’éteignent pas seuls les incendies », appuyait en outre récemment le porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, pour marquer aussi le manque de moyens humains. Les délais s’allongent ; au dernier salon du Bourget, De Havilland estimait désormais à 2032 la livraison d’appareils commandés en 2025. L’inaction climatique se paie cash.

 

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