mercredi 23 juillet 2025

« Famine à Gaza : ce que nous dit le cri de désespoir des journalistes de l'AFP », l’éditorial de Marion d’Allard

 


C’est un cri d’alarme. Inédit. Déchirant. Un communiqué d’une page, signé par la société des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP), horrifiée des conditions de vie de leurs confrères et consœurs gazaouis. Ils et elles sont les seuls témoins des massacres à huis clos perpétrés dans l’enclave palestinienne depuis vingt et un mois.

Ils et elles documentent, au jour le jour et au péril de leur vie, la situation sur le terrain. Ils et elles vivent dans la bande de Gaza, ils et elles y meurent, aussi, pris pour cible par l’armée de Netanyahou, en proie à la famine organisée et aux épidémies, dépourvus de soins, de véhicules, de carburant. « Sans intervention immédiate, les derniers reporters de Gaza vont mourir », écrivent leurs collègues de l’AFP, soutenus par la direction qui dénonce la situation « effroyable » des journalistes sur place.

L’agence française travaille avec un réseau de correspondants aux quatre coins du monde. Une toile tissée au fil des ans qui permet à toutes les rédactions du pays et du monde d’accéder rapidement à des informations fiables. « Depuis que l’AFP a été fondée en août 1944, nous avons perdu des journalistes dans des conflits, nous avons eu des blessés et des prisonniers dans nos rangs, mais aucun de nous n’a le souvenir d’avoir vu un collaborateur mourir de faim », écrivent encore ses salariés.

Que chacun prenne la mesure de ces mots et Paris ses responsabilités. Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, a demandé que « la presse libre et indépendante puisse accéder à Gaza pour montrer » ce qu’il s’y passe. Il faut aller plus loin. Le gouvernement doit se plier au droit international, sanctionner Tel-Aviv en actionnant tous les leviers à sa disposition : économiques, diplomatiques et judiciaires.

La France en a les moyens, qu’elle en trouve le courage. « Je n’ai plus la force de travailler » ; « Mon corps est maigre » ; « À chaque fois que je quitte la tente (…), je ne sais pas si je rentrerai vivante » ; « Pour la première fois, je me sens vaincu » ; « Ici, résister n’est pas un choix : c’est une nécessité »… Ces mots sont ceux des journalistes palestiniens. À travers eux, résonne la voix ténue de tous les Gazaouis. Puisse-t-elle ne jamais s’éteindre.

 

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