jeudi 22 mai 2025

« Palestine : il ne suffit plus de se payer de mots », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



C’est un premier pas, tardif, après de trop longs mois d’agonie dans la bande de Gaza, mais il marque un infléchissement diplomatique dont on ne peut que se réjouir. Face à l’entreprise génocidaire du gouvernement suprémaciste de Benyamin Netanyahou, l’Union européenne s’est enfin décidée à réexaminer l’accord d’association qui la lie à Israël, plus précisément à évaluer si l’article 2 relatif aux droits humains est bien respecté !

Les faits sont pourtant effroyables : 2 millions de personnes nassées dans une souricière sous des tonnes de bombes, 54 000 morts, des dizaines de milliers de corps et d’esprits mutilés, la famine comme arme de guerre, l’épuration ethnique avec le projet de déportation de la population, l’annexion de la Cisjordanie avec la création d’un cadastre afin d’usurper les terres des Palestiniens. Qui peut encore douter de la stratégie d’anéantissement de Tel-Aviv ?

Les dix États membres – Allemagne et Italie en tête – hostiles à une révision de l’accord devraient procéder à un examen de conscience. Tout statu quo laisserait les mains libres à Netanyahou, pourtant sous le coup d’un mandat d’arrêt international, aux extrémistes de son gouvernement et à l’armée, responsable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Que ces dix pays européens pèsent chacun des mots prononcés le 20 mai par Tom Fletcher, secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires de l’ONU : « 14 000 bébés mourront dans les prochaines quarante-huit heures, si nous ne pouvons pas les atteindre. »

Le Royaume-Uni a eu le courage de suspendre ses négociations sur un accord de libre-échange avec Israël. L’Irlande et l’Espagne n’ont pas attendu que les cimetières gazaouis débordent pour reconnaître l’État de Palestine. La France menace de prendre des sanctions. Qu’elle joigne des actes à ses paroles. Il ne suffit plus de se payer de mots.

Le président Macron sait que l’objectif poursuivi par le gouvernement israélien n’est pas d’éradiquer le Hamas mais de tuer l’idée même d’un possible accord politique avec l’Autorité palestinienne. Paris ne peut se compromettre avec ce funeste plan. Netanyahou et consorts doivent être mis en ban, comme l’exige d’ailleurs une partie de la société israélienne. Ce qui se passe à Gaza défie l’humanité. Ne rien faire, c’est se rendre complice.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

LE STYLO…

Çà court et, si vous n’y prenez garde, çà s’enfuit. Ne laissez surtout pas la fenêtre ouverte, il saura la trouver et là, vous ne serez pl...