Les
médias viennent de nous mettre dans la confidence. Le parti d’Édouard Philippe, l’ancien premier
ministre, qui pense tous les jours à 2027, va profiter de sa niche
parlementaire pour déposer une proposition de loi visant à revenir sur le cumul
des mandats. Une petite musique qui semble avoir le vent en poupe à droite, à
l’extrême droite, et parmi une partie des troupes d’Emmanuel Macron. Il y a 10
ans, en février 2014, étaient adoptées des lois limitant le cumul des mandats,
qui fut longtemps une spécificité française renforcée au fil de la Vème
République. Notons qu’en 2012, huit parlementaires sur dix était en situation
de cumul. Ces lois vont dans le bon sens. Un.e député.e, un.e sénateur.trice,
un.e député.e européen.ne, ne peuvent cumuler ces mandats avec des fonctions
exécutives locales. De même, qu’un.e élu.e local.e ne peut exercer deux
fonctions exécutives. L’idée de mettre fin à cette forme de culture du
« notable » était largement approuvée par l’opinion publique. L’argument avancé par les partisans d’un
retour au cumul est connu : Au nom de la vertu pour un parlementaire d’avoir
un ancrage territorial et pour un élu local d’avoir une voix au Parlement.
Quelle régression lorsqu’on sait qu’être Maire d’une ville ou à la tête d’un
exécutif départemental ou régional est plus que jamais un travail à temps plein.
J’en ai fait, pour ma part l‘expérience en assumant durant cinq ans les
fonctions de maire et de président d’un département. C’est ce qui m’a conduit,
alors que la loi ne me l’imposait pas, à mettre un terme à ce cumul, en 1998. On
peut entendre qu’un parlementaire ait besoin d’u ancrage local. Mais rien ne l’empêche
d’être conseiller municipal, départemental ou régional. Qu’il laboure le
terrain en lien avec les acteurs économiques, associatifs, avec les citoyens de
leur circonscription. Si ce retour, dix ans en arrière advenait, ce serait un
bien mauvais signe qui serait adressé à nos concitoyens. Il ne sert à rien
de se voiler la face, l’action politique
est l’objet d’une méfiance, d’un
scepticisme massif. Le fossé qui s’est creusé entre les citoyens, l’opinion et
les formations politiques - pour faire court la crise politique – est béant. Il
s’approfondirait davantage. Le retour nostalgique au cumul des mandats serait
la pire des réponses à des français et des françaises qui veulent être écoutés
et entendus, qui veulent que des réponses positives soient apportées à leur
mal-vie, à leurs besoins en matière de salaires, de santé d’éducation, de
logement, de transport… Pour elles, pour eux, voilà l’urgence !
samedi 17 février 2024
Retour nostalgique au cumul des mandats ?
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